Il est évident que depuis la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID19, nos habitudes de vie et de travail ont fortement évolué. Et la tendance initiée lors de la crise sanitaire semble s’accentuer.
Des habitudes nouvelles, des tendances accrues
De plus en plus de travailleurs du secteur des services se tournent vers le travail à distance, d’abord par obligation, et de plus en plus par choix. Les avantages sont nombreux. Pour le salarié, un gain de temps certain lié au fait de ne plus se rendre à son bureau, du moins quelques jours par semaine. Il en va aussi d’un certain confort de travail qui, pour la plupart des salariés, semble moins contraint et plus autonome. Chacun gagnant aussi du temps pour se consacrer davantage à sa famille, ses loisirs ou d’autres projets personnels. En contrepartie les sociétés font de substantielles économies notamment sur les locaux (location et entretien), les fournitures et autres matériels. Les différentes parties semblent y trouver leur compte au vu des avantages. Et comme souvent, une tendance de masse fini également par charrier son lot de problématiques, et nous en traitons ici l’une d’entre elles, notre empreinte environnementale à travers le prisme énergétique.
Empreinte carbone
En 2010, le chercheur Britannique Mike Berners-Lee de l’Université de Lancaster, dans son ouvrage « How bad are bananas ? The carbon footprint of everything », nous donnait déjà un aperçu de l’empreinte carbone comparative d’un certain nombre d’activités humaines. Certains de nos comportements étaient mis en lumière au vu de leur impact environnemental, notamment les différentes pratiques identifiées, liées à l’usage du réseau internet. Ce n’est que dix ans plus tard que la crise sanitaire liée au COVID19 (et la crise économique qui s’en suit – aggravée par les luttes d’influence et notamment le conflit Ukrainien – vont accentuer bien davantage certaines tendances déjà observées par Mike Berners-Lee.
L’envoi massif d’emails
Nombre de salariés travaillant de leur domicile ont massivement remplacé leurs habituelles réunions par l’envoi d’emails. Ce n’est pas la seule raison ayant conduit à cette augmentation mais cela y contribue de manière non négligeable. Statista relevait ainsi le nombre de mails envoyés par les pays les plus émetteurs dans le monde pour la seule journée du 18 Octobre 2021, une quantité astronomique dépassant les 8 milliards pour les 10 premiers de la liste, l’Europe y étant particulièrement bien représentée. Sachant que les Pays-Bas comptent à peine 17,5 millions d’habitants, cela représente quasiment 460 mails par personne envoyés en une seule journée !
Statista rappelait également que les travailleurs Américains recevaient 170 emails par jour lorsqu’ils travaillaient à 100% en télétravail.
La célèbre activiste Greta Thunberg nous le rappelait déjà lors de son intervention très remarquée au sommet mondial pour le climat de New York le 25 Septembre 2019, « How dare you ? »; mais le chercheur Mike Berners-Lee en faisait déjà état quelques mois auparavant, en Janvier 2019 dans son ouvrage marquant : « There is no planet B ». Qu’attendons-nous pour nous occuper de notre avenir autant que nous nous occupons de notre présent ? Nos actions comptent.
La consommation énergétique des emails
Le résultat de ces échanges massifs est que, malgré une amélioration certaine de la performance énergétique des appareils et des différents dispositifs de transfert de l’information (terminaux – ordinateurs ou téléphones mobiles – réseaux, câblages, routeurs, data centers), l’augmentation du trafic sur les réseaux conduit nécessairement à l’augmentation corrélée de la consommation d’énergie nécessaire au maintien de ce flux.
Selon Statista, en 2021, près de 306 milliards d’emails ont été échangés à travers le monde ; avec une augmentation attendue aux alentours de 376 milliards au tournant 2025. Et chaque petit maillon de la chaîne de transmission de l’information consomme de l’énergie. Idem pour le stockage, le contenu des messages etc. Dans une mise à jour de ses recherches datant de 2020, M. Berners-Lee indique une consommation d’énergie correspondant à un impact variant entre 0.03 g et 26 g équivalent carbone (dont on mesure l’impact en équivalent carbone ou CO2 équivalent). Cette différence conséquente s’explique par le fait que les spams consomment très peu car ils sont filtrés avant même d’être reçus, alors que les messages contenant des pièces jointes sont nettement plus gourmands. Et plus ces pièces jointes seront volumineuses, plus la quantité d’énergie nécessaire à la transmission de ce message sera importante.
Les réunions vidéo
Autre point noir de nos nouvelles pratiques en milieu professionnel, une grande partie des réunions ont été remplacées par des réunions en visioconférence. S’il est vrai que les échanges de mails sont énergivores, ceci est sans commune mesure avec le fléau de la réunion à distance, durant parfois des heures. D’autant plus lorsque certains participants considèrent comme impoli le fait de ne pas allumer sa caméra. Or cette pratique est encore plus problématique que les envois de mails indistincts.
Une nouvelle donne, de nouvelles pratiques
Les utilisateurs de produits Microsoft sont désormais bien familiarisés avec de nouveaux outils collaboratifs tels que Teams. Ce type de plateforme permet notamment de réduire l’envoi d’emails entre utilisateurs. Ceci permet par ailleurs de partager des documents sans envoi de pièces jointes, et ce sont probablement les deux avantages majeurs de ce type d’outils par rapport à une application de gestion d’emails. D’autres fonctionnalités utiles viennent s’ajouter à celles-ci mais, en ne tenant compte que de cela, et en gardant à l’esprit la nécessité impérieuse et de plus en plus pressante de réduire notre consommation d’énergie et notre impact sur l’environnement. Il en va de notre avenir et peut-être de notre bien-être de modifier nos pratiques en fonction de nos connaissances. Et nos connaissances actuelles ainsi que les outils dont nous disposons nous permettent de réduire notre consommation d’énergie par de simples gestes quotidiens dont l’ajout finit par avoir un effet global sur l’environnement et le climat.
Réduisons au maximum les réunions virtuelles. Si ces réunions sont indispensables faisons en sorte qu’elles soient les plus courtes possibles (en s’organisant bien, il est possible d’en réduire grandement la durée) et surtout, évitons l’usage systématique et pendant toute la réunion de la vidéo. Agissons de même concernant les envois d’emails. Réduisons ces envois en n’envoyant que les messages strictement nécessaires : cessons de dire simplement « merci » à un collaborateur, considérons ceci comme sous-entendu. De manière générale, si un email contient une simple phrase, ce dernier est probablement inutile. Réduisons au maximum le nombre de personnes incluses dans une boucle de discussion, et gardons uniquement les destinataires concernées par l’email lors d’un envoi à un groupe de discussion. Et par-dessus tout, cessons l’envoi de pièces jointes ou réduisons ces envois au maximum. Pensons plutôt aux outils collaboratifs tels que Teams aux sein de nos sociétés respectives.
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